Comment « RRR », film indien « généreux et débridé », a conquis le monde


Image promotionnelle du film indien « RRR », de S. S. Rajamouli.

« Contre combien de personnes est-il en train de se battre ? ! » « Mais qu’est-ce qui est en train de se passer ? ! » « Ce film m’a retourné »… Sur YouTube, il suffit de visionner la multitude de « reaction videos » – un format dans lequel les gens se filment en train de regarder un programme – qui sont consacrées au film RRR pour constater à quel point ce blockbuster indien hors normes a surpris les internautes du monde entier, et ce bien au-delà des cercles d’initiés. En Asie et aux Emirats arabes unis, le nombre de requêtes Google concernant le film surpasse même celui de grosses productions sorties en 2022, comme Doctor Strange in the Multiverse of Madness ou Thor : Love and Thunder, d’après l’outil Google Trends.

Si dans certains pays, comme en France, les distributions dans les cinémas furent plutôt chiches, voire confidentielles, l’enthousiasme fut tout de même notable dans certaines salles obscures. D’aucuns l’auront découvert sur Netflix, qui a servi de catalyseur au bouche-à-oreille et alimenté le succès international du film : RRR (pour « Rise, roar, revolt », qui signifie « se soulever, rugir, se révolter ») a même fait irruption à Hollywood, si bien que le Los Angeles Times le considérait, mi-novembre, comme un concurrent sérieux dans la course aux Oscars.

Démesure assumée

Bravant plus de trois heures de spectacle et des scènes d’action démesurées allant d’un homme seul affrontant une foule de plusieurs centaines de révoltés à un duel avec un tigre, les spectateurs découvrent la destinée fantasmée de deux héros révolutionnaires des années 1920, dans une Inde sous contrôle britannique : Alluri Sitarama Raju (interprété par Ram Charan Teja) et Komaram Bheem (N. T. Rama Rao Jr.).

Bien qu’il ne fasse pas dans la demi-mesure, le film de S. S. Rajamouli s’attire finalement peu de commentaires moqueurs ou condescendants de la part du public occidental, pour qui parfois – et à tort – le cinéma indien se résume à des récits kitsch et des comédies musicales. « Ce film était très attendu en Europe après le succès du diptyque Baahubali, réalisé juste avant par S. S. Rajamouli et sorti dès 2015. RRR vient finalement confirmer, de façon inédite, cet engouement », estime Logan Boubady, cinéaste et expert du cinéma indien.

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« L’industrie du cinéma d’action s’est beaucoup codifiée ces dernières années aux Etats-Unis, avec, dans les sorties à gros budget, énormément de productions Marvel, analyse de son côté Asmae Benmansour-Ammour, rédactrice en chef du site Bolly&Co et du podcast « Namaste, le cinéma ! », consacrés au 7e art indien. Les gens ont peut-être pu se lasser et sont plus ouverts à la nouveauté. RRR a débarqué quelques mois après la réouverture des cinémas avec une mise en scène novatrice, qui veut repousser les frontières du divertissement. » Des réalisateurs de franchises Marvel eux-mêmes, à l’instar de James Gunn et Scott Derrickson, ont d’ailleurs salué publiquement le film.

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